Nature
« La Nature ne peut qu’être ton seul guide.
La Nature est le côté manifesté de l’Énergie Cosmique.
Sans ELLE, vous ne pourrez jamais, JAMAIS remonter jusqu’à la Source Créatrice.
Sans ELLE, votre corps ne pourra JAMAIS trouver sa place juste entre Terre et Ciel »
*
« Il disait :
Ne perds jamais le contact avec la Nature… Ce sera ta sauvegarde. Hors la Nature tout est mort, tout n’est qu’une construction intellectuelle, avec une charpente apparente mais sans moelle. La difficulté du monde actuel, le stress et le suicide dans vos pays que vous dites évolués, n’est que le résultat de cette coupure. Vous fabriquez un monde intellectuel, hypertrophié. Vous cherchez à créer une œuvre d’art sur une seule base de réflexion. De grands niais ! Vous remettez la totalité de votre vie entre les mains de la pensée. Vous ne savez pas ce qu’est la pensée !
Vous l’acceptez telle quelle, comme maîtresse, sans avoir vu et même sans vous être une seule fois intéressés à savoir ce qu’elle est réellement dans l’ordre cosmique général.
Et cette pensée qui s’en souvient pour y avoir goûté, tente de vous faire croire qu’elle va vous conduire aux suprêmes satisfactions, à la jouissance cosmique... Mais comme malgré toutes ses promesses, elle tarde à vous faire voir cette réalisation, elle vous a créé des substituts, une imagerie… Comme on donne des bonbons sucrés à des enfants pour les faire taire… Et vous avez appelé cela Dieu, Allah, Vishnou, Bouddha…
Mais il n’y a rien dans tout cela sinon une mort lente. La pensée est incapable de vous conduire à la jouissance de l’ordre cosmique et cela pour un fait tout simple : elle n’en est qu’un ELEMENT. C’est le TOUT qui englobe le PARTICULIER. Le PARTICULIER ne peut pas englober le TOUT… Tu m’as compris ?
Alors, s’il te plaît… Mon petit…Ne donne pas de l’importance à ta pensée. Laisse-la couler comme elle souhaite le faire, ne t’y oppose pas, laisse-la aller là. Ne brutalise rien… Mais surtout n’alimente rien. Laisse ta pensée s’éteindre d’elle-même faute de combustible. S’opposer à la pensée est encore de la pensée… Laisse-la s’éteindre comme un feu dans lequel on ne met plus de bois… Ne te soucie pas d’elle… Et jamais, au grand jamais, ne te culpabilise en rien, de tous ses mouvements qui vont d’ailleurs devenir de plus en plus désordonnés et agressifs comme l’animal devenant hargneux, lorsqu’on ne lui donne plus à manger… Laisse-la s’agiter comme le petit singe qu’elle est…
Et tu verras que la pensée est capable de se voir elle-même. Essaie son miracle ! Si elle est capable de tromper les autres, elle ne peut pas se mentir elle-même et c’est là SA chance de venir à sa place véritable : celle d’un magnifique outil de mise en forme, d’un matériel unique et inestimable… S’il te plaît… Mon petit… Ne cherche pas à détruire ou casser ta pensée comme le font tant d’ordres dits religieux. C’est fou que l’accès à Dieu passe par la destruction !... Ils en sont encore à croire que les privations, afflictions de tout genre, tout ce que, en fait, l’esprit et la pensée peuvent inventer pour se faire mal et se détruire, est un chemin à l’ordre cosmique. Ces fous ne créent que des visions artificielles, résultats de privations et de frustrations, en attaquant le premier des cerveaux humains, l’originel, celui que dans vos pays de blancs vous appelez, je crois, reptilien.
Il soupirait alors, effaré de la bêtise qu’il constatait. Il fallait qu’il tende l’oreille pour continuer à l’entendre, il marmonnait presque :
C’est incroyable… Tout à fait incroyable… Aucun d’eux ne s’est jamais posé la question, ne s’est jamais préoccupé de savoir pourquoi, lorsqu’ils étaient Chrétiens, ils avaient des visions de Jésus ou de la Vierge Marie, ou d’un autre Saint…, que lorsqu’ils étaient hindous, c’était Vishnou ou un autre… mon Dieu !… Que les hommes aiment à être leurrés !
Quelle tristesse… Quelle tristesse…
Après un long moment de recueillement, il reportait son regard sur ce petit Blanc devant lui, assis en lotus, les fesses sur une grosse pierre plate. Ce petit Blanc, qui l’écoutait avec beaucoup d’attention, une attention véritable… mais surtout, surtout avec une intelligence affective.
De temps en temps, il tendait la main comme pour lui caresser la joue ou l’épaule, mais invariablement, son bras retombait inerte, le long de son corps. Il y avait un mystère à cela. Le jeune Blanc l’avait accepté une bonne fois pour toutes, se disant bien qu’il se révélerait à sa juste place, au bon moment.
Vois-tu, continuait-il, la Nature ne peut qu’être ton seul guide. La Nature est le côté manifesté de l’Énergie Cosmique. La détruire, comme je crois cela est le résultat de vos actions désordonnées dans vos pays Blancs, est en fait votre propre destruction. Car sans Elle, vous ne pourrez jamais, JAMAIS remonter jusqu’à la Source Créatrice. Sans ELLE, votre corps ne pourra JAMAIS trouver sa place juste entre Terre et Ciel ; et sans votre corps parfaitement placé, cet outil magnifique sera à tout jamais perdu, pour passer de la Terre au Ciel et du Ciel à la Terre. TEN et CHI n’auront plus de relations consciemment perceptibles car la beauté de l’homme, vois-tu, mon petit, est qu’il est le seul être vivant sur cette Terre, pouvant avoir accès CONSCIEMMENT à la beauté du Ciel, c’est-à-dire réunir consciemment TEN et CHI, la Terre et le Ciel, et de revenir de TEN pour rayonner l’amour sur CHI.
Dans mon jeune âge… un petit sourire malicieux dans son visage tout ridé de vieillard… j’ai pris connaissance de quelques uns de vos textes religieux. On y parle beaucoup de montagnes, je crois ! Il se soulève sur ses deux jambes croisées et tel un vieux singe, mime à quatre pattes l’homme grimpant le flanc d’une montagne escarpée, épaules courbées sous la charge, ruisselant d’effort, abêti par ce dernier… Et qui, s’il n’est pas mort en chemin d’épuisement, ou si pire, son esprit ne s’est pas desséché, arrive en haut de la montagne. Le vieillard prend alors l’attitude droite du Seigneur regardant ses terres, mains en visières au-dessus de ses sourcils, tournant dans toutes les directions, le regard souverain… et ensuite redescend de la montagne, tout guilleret… « C’est bien cela ? » demande le vieillard au jeune Blanc qui se tord de rire.
- Tout à fait, petit père !
Et le vieillard redevient soucieux. Le Blanc, une fois de plus, tend l’oreille pour capter ses mots marmonnés :
« Comment peuvent-ils écrire de telles choses ?... Monter et descendre de la montagne comme symbole de réalisation et de perception de Dieu… comment peuvent-ils dire de telles choses ?... Tout en détruisant le rythme de la Terre ! ».
Il s’agenouilla devant le jeune Blanc, leurs faces à dix centimètres l’une de l’autre. Les yeux du vieillard asiatique se rivèrent alors sur ceux du jeune Blanc.
-Ecoute-moi bien mon petit… Comprends bien cela Ange…
Son regard se fit pressant. Ange se sentit bousculé, tout d’un coup cessa la double vision ; l’observateur disparut. Il n’y avait donc plus d’observé, seulement un instant présent, d’une énorme intensité.
…C’est qu’ils mentent… ».
Homme Tigre 30