59. La fin de l’espoir.

 

LIVRE Secret de la Famille SHIN…

Le Tourbillon… Suite 15

 

Yoko arriva au petit Déj, la mine toujours défaite et une pile de journaux sous le bras.

 

- Sophie fait la « une » des journaux, des radios et télé, lance-t-elle en posant la pile sur la table basse du salon.

 

Un moine lui sert une tasse de thé et un autre lui approche une chaise de la table.

 

- Peux-tu résumer ? je demande, ma tasse de thé brûlant entre les paumes.

- Simple!... Elle a organisé une conférence de Presse et elle reprend tout au point de départ… La mort de ses parents… Les attouchements sexuels de son oncle… et la confirmation de sa vieille nourrice qu’elle est allée chercher au fond de son Auvergne… La manipulation émotionnelle sexuelle de son oncle qui a demandé à Ahmed de « l’assouplir »… ce que le Ahmed s’est empressé de confirmer car ainsi il se sort en partie de l’accusation de proxénétisme contre elle… De l’argent dérobé par son oncle qui ne fut pas « une mise en sécurité » comme il dit, mais une utilisation personnelle… ce que la Police financière confirme… Ils ont découvert deux maîtresses de l’oncle qui étaient entretenues avec cet argent… ainsi il n’y avait pas de trace de ces paiements sur les comptes personnels du tonton…

- Intéressant, dis-je… Elle sait profiter de tous les avantages que je lui ai donnés… À menteur, menteur et demi… Donc à voir au futur.

- Ce n’est pas fini sur le côté financier, dit Yoko… La vente des tableaux se fit par une organisation souterraine qui alimente les collectionneurs fortunés de la planète… La police financière a remonté la filière par les copies très bien faites… Une flopée d’arrestations… Et il est évident que cet argent servait au principal à alimenter des caisses d’organisations d’extrême droite, spécialisées dans les recherches génétiques et la biologie du cerveau… Des centres clandestins de recherches!

- Intéressant, dis-je… Elle se défend bien, la Sophie, en si peu de temps.

- Elle a mis du monde sur le terrain, je te le garantis, dit Yoko… Elle ne s’est pas fait déposer à sa maison par mon équipe. Elle a demandé qu’on la porte à une agence de détectives privés et de protection rapprochée… Lorsqu’elle a quitté l’Agence en début d’après midi, elle avait avec elle aussi une flopée d’avocats spécialisés dans toutes les matières pénales de l’affaire… Et c’est cette petite armée qui est arrivée à sa propriété… Inutile de te dire que l’oncle s’est vite trouvé débordé, lui qui faisait tranquillement sa sieste… Et la Sophie lui a rappelé en direct qu’il était chez elle, et qu’elle le mettait dehors dans la foulée… Aussi, prière à son chien de garde des Pyrénées comme tu l’appelles de faire les valises de son patron et les siennes en même temps… Et les gorilles qu’elle a emmenés avec elle ont activé la circulation au point que l’oncle et son chien se sont retrouvés sur le trottoir avant de s’être rendu compte de ce qui arrivait…

- Et la conférence de Presse ? je fais.

- Organisée dès le contact avec l’Agence de sécurité et l’arrivée des avocats… En fin d’après midi dans le salon de la propriété… Pour organiser tout cela, une agence de « réception » fut à l’œuvre et les journalistes ont même eu droit aux petits gâteaux!

- Et encore ? je fais.

- Et encore ?... Elle a dit qu’elle n’était pas en fuite mais sous la protection du fameux Commissaire Divisionnaire Principal détaché à l’Élysée qui s’occupait de l’affaire à la demande du Président de la République… Tu connais ?... Et que c’est donc ce fameux Commissaire qui l’avait mise en dehors du mouvement pour lui permettre, à lui!... pas à elle, de pouvoir suivre l’évolution des actions de chacun afin d’éclairer sa lanterne… Car pour elle! il est bien clair qu’elle ne voulait que prendre attache le plus vite possible avec les Juges d’Instruction qui s’occupaient des dossiers afin d’éclairer « leur » lanterne… Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle sut que son oncle prenait à son avantage « les fuites » qu’elle avait elle-même organisées, lorsqu’elle s’était rendu compte des contacts secrets que son oncle avait avec des mouvements d’extrême droite… et aussi qu’elle avait surpris des passages secrets de documents confidentiels hors du laboratoire par l’intermédiaire d’une des maîtresses de son oncle qui est aussi l’une de ses secrétaires particulières… Confirmation de la secrétaire qui dit ne pas savoir ce qu’il y avait dans ces paquets qu’elle devait remettre à un monsieur qui l’attendait dans une brasserie des Champs Élysées.

- Intéressant! je fais.

- Enfin, comme il y a divergence entre son oncle et elle sur l’origine des « fuites », elle a dit qu’elle peut amener des preuves matérielles des faits…

- Intéressant! je fais… Et encore ?

- Ça ne te suffit pas comme entrée en matière ? fait-elle, étonnée et essoufflée car ses poumons ne vont pas très bien, vue la tristesse qu’elle a dans le coffre.

 

Hiro la regarda avec une intensité que je lui connais bien. Il est le guérisseur du Monastère et il ne la trouve pas en bonne forme.

Alors, compatissant comme vous me connaissez, toujours soucieux de mon prochain je lui demande:

 

- Et pour toi, ma Belle, comme vas-tu ?

- Je crois que l’on pourrait aller mieux, souffle-t-elle avec les larmes qui mouillent les yeux.

- Tu as fait des vérifications dans tes équipes ?

- C’est toujours la même question la plus banale: chercher la femme! dit-elle sans rire.

- Oui ?

- Mon père avait deux Maîtresses… J’en connaissais une, mais je ne savais pas que l’autre était aussi intime avec lui… et elle est dans notre équipe.

- Pas l’autre ?

- C’est une femme française très normale, dit-elle.

- Normale ?

- Oui, un peu théâtreuse… ça traîne dans les soirées culturelles… Mon père aimait ce milieu qui lui donnait l’impression d’être plus vivant.

- Et l’autre, pas une française ?

- Non, Américaine… Et la fille d’un de nos chefs de groupe là-bas.

- Un de ces chefs de groupe qui ne sont pas en accord d’avoir un jour un Grand Maître Blanc ? je demande.

- Exactement, confirma-t-elle fatiguée de tous ces mots… Elle est venue ici en formation complémentaire de combat auprès de mon père… Puis elle est restée en s’intégrant au groupe… Je ne savais pas leurs rapports.

- Comment as-tu découvert cela ?…

- Tout bête… Les lettres d’amour sous les piles de chemises… Que c’est bête!

 

Le père en prenait un coup dans l’estime de sa fille et cela ne la portait pas au sourire.

 

- Je pourrais un jour revoir mon père ? demanda-t-elle le front sur le bord du bol de thé, les yeux perdus dans le liquide.

- Tu sais que « non »… dis-je, doucement.

- Oui… je sais… Les Règles!...

 

Elle resta un long moment immobile ainsi, puis elle demanda:

 

- Il ne va pas trop souffrir ?

- Non, ce sera rapide, dis-je.

- Merci.

 

Hiro m’attira dans un coin de salon.

 

- Qu’est-ce-que nous allons faire avec tout ce cirque ?

- Rien, je fais.

- Ah! il répond.

- Le cirque va bouger pour nous et nous prendrons le bateau au passage, dis-je.

- Donc on attend ?

- Oui, et on continue, je confirme.

 

Ce que j’attendais est venu le lendemain aux nouvelles du matin. Le prof Dupond était en fuite!... et Sophie pavanait.

Si madame Broussard a bien fait son travail, elle a suivi le tonton à la trace et je vais pouvoir toucher le centre de ma mission: faire le nettoyage.

 

Donc j’ai maintenant un peu de temps devant moi et je vais aller vérifier la bonne qualité des poils pubiens de Sophie puisqu’elle me l’avait proposé si gentiment… Vous vous souvenez ?

 

Alors je prends la Jag de Yoko.

 

- Je retourne avec toi au centre, dit-elle en sautant sur le siège passager.

 

J’aurais préféré pour sa santé qu’elle reste encore avec les moines et laisse tomber pour un moment les ordis et toute cette merde autour… Car vérifier la clarté de tout le système, ce n’est pas de la tarte.

 

- J’ai l’aide de Gertrude, dit-elle… C’est une spécialiste de l’informatique… ça va vite avec elle, répondit-t-elle à mon interrogation.

 

Puis, comme elle avait envie de sourire elle me fait part des derniers cancans.

 

- Tu sais... le militaire à moustache ?

- Oui, je fais.

- Et tu te souviens de la vieille dame qui est venue lui donner main forte dans l’histoire du restaurant…

- Oui, je fais.

- Éh bien, ils se sont tellement appréciés dans cet échange, qu’ils se sont mis ensemble!

- Elle n’était pas de l’équipe ?

- Non, rigole-t-elle… Une « out »… Tu vois comme les rencontres sont surprenantes, fait-elle en tentant de donner le change sur sa tristesse.

- Surprenant, fais-je… et toi ma poule ?!... Tu ne voudrais pas rester avec nous, histoire de calmer ta douleur ?

 

Elle laissa la pluie continuer à frapper la carrosserie de la voiture. Les pneus font ce bruit si particulier lorsque les rues sont mouillées. Paris est triste sous la pluie avec les gens qui courent sous leur parapluie.

 

- Non… Je dois nettoyer dans tous les sens du terme, dit-elle avec bravache.

- Bien, je fais en mettant ma main sur sa cuisse qu’elle accepte d’une caresse reconnaissante.

 

Un moment glisse encore. Il n’est pas facile de gagner ces petites rues telles que Mouftard.

 

- Fais attention à toi, dit-elle… je sens Sophie très dangereuse… Je ne sais pas pourquoi!...

- Je sais, dis-je.

 

La pluie se fait fine.

 

-Nous arrivons, dis-je.

 

Nous nous regardons. Nous ne sommes pas un couple ordinaire. Nous n’avons pas besoin d’un bisou sur le museau.

Je lui dis de faire attention à elle. Elle me dit de faire attention à moi.

 

Je démarre dans la nuit.

 

Maintenant le 16°.

J’ai besoin de la brème « Police » pour accéder à la crèche de Sophie. Les gorilles me suivent à la trace.

Le Maître d’Hôtel a changé. Un noiraud du Sud de la France… La Sophie semble aimer ce qui vient de l’Afrique.

 

- Je vais voir si Madame est disponible, il me fait en m’installant dans le salon.

… Monsieur voudrait boire un alcool ?… L’heure est tardive et c’est le moment de se chauffer un peu, il dit gentil.

 

Il n’y a pas de provocation en lui. Il est prévenant et il me connaît à travers ce que racontent les journaux. Il sait que j’ai protégé sa maîtresse, alors il voudrait être bon avec moi.

 

Je décline l’offre et m’installe dans le fauteuil en face de la cheminée qui s’éclaire d’un vrai feu de bois.

 

Je n’attends pas beaucoup et Sophie arrive, pimpante dans un ensemble rouge vif qui met en évidence la générosité de ses seins.

 

- Quel bonheur de vous voir enfin!... J’ai pensé à vous toute la journée et je ne saurais jamais assez vous remercier pour toute l’aide que vous m’avez apportée, dit-elle en me sautant au cou, sans souci du maître d’hôtel qui attise le feu, histoire de vérifier tout de même si tout va bien pour sa nouvelle maîtresse.

- Je suis vos péripéties et j’admire vos performances, dis-je très mondain en me levant.

- Grâce à vous!... Grâce à vous et à la Force que vous m’avez donnée, vous et vos moines, fait-elle en me poussant vers le divan et s’installant à côté de moi, la hanche contre la mienne.

 

Moi, vous me connaissez. Je ne perds pas de temps en mots. Seule l’action libère. Aussi je touche les cuisses de la Sophie. Le Maître d’hôtel jette un œil intéressé par ma manière si directe d’agir. J’ai le sentiment qu’il prendrait bien des cours de perfectionnement avec Sophie comme cobaye…

 

Donc je remonte vite la main vers l’aine sous sa jupe.

 

- Coquin! fait-elle.

 

Celle-là n’a encore rien compris!

Je teste le réseau du foie qui glisse à l’intérieur de la cuisse et touche l’os pubien. M’enfin!... Pourquoi me prend-on ?... Toujours au travail, je suis.

 

Alors, après le réseau du foie, ce sont les Portes du Ciel que je vérifie. Ces soutiens-miches avec leur armature ne permettent pas un doigté suffisant. Alors en allant direct à l’origine, je fais sauter l’engin et le Maître d’Hôtel n’en finit pas de réguler le feu.

 

Les Portes du Ciel me confirment la radiation déjà perçue sur le réseau du foie. Rien à faire avec cette nana. Tout est en extérieur d’elle et elle n’a rien gardé pour sa dimension interne. Elle a tout mis sur le terrain du combat extérieur.

 

Je tente pourtant une dernière tentative de séduction interne.

 

- Mes moines sont encore là quelques jours… Peut-être pourriez-vous les utiliser afin d’aller plus en profondeur dans la connaissance de votre émotionnel, je fais.

- Oh!... Comme je voudrais bien!... Mais j’ai tant à faire actuellement… et un Juge m’a mise entre les mains d’un groupe psy pour je ne sais pas trop quoi à vérifier, dit-elle.

- Bien, je fais…Vous êtes maîtresse de votre vie.

- J’espère bien! dit-elle.

 

J’avais alors une main sur ses portes du Ciel lorsqu’elle prononça ces mots. La violence et le refus étaient clairs.

 

- Bien, je fais… je vous laisse… Vous êtes en bonne main.

- Avez-vous terminé votre mission, cher Commissaire ? fait-elle souriante en me suivant vers la porte.

- Presque, je fais.

- Alors, je vous donne tous mes vœux de réussite… Et encore une fois, merci, pour tout ce que vous avez fait pour moi.

 

Le plus chagrin de cette séparation fut le Maître d’Hôtel qui ne savait plus comment rallumer le feu qu’il avait éteint.

 

 

Il n’est pas trop tard. J’ai encore du temps pour prendre une tisane avec madame Broussard. Ces vieilles dames ne mettent pas leurs os au pieu avant minuit.

 

- Tiens, mon garçon, je pensais justement à vous!

- Je m’en serais douté, je fais, mi-figue, mi-raisin.

 

Elle me regarde comme on le ferait d’un Orang-outan.

 

- Je me demande parfois, comment mon cher ami le Roshi a fait pour vous comprendre, mon cher petit.

- Oh… c’est simple!

- Comment ?

- Il a cessé de me dire « mon cher petit » après que je lui ai mis la main sur la gueule devant tous les moines, dis-je avec le sourire du chat affamé devant la souris qui se prélasse au soleil, histoire de soigner ses rhumatismes.

- Je vois, fait-elle… Alors mon cher petit ami, vous prendrez bien une nouvelle tisane pour votre foie.

- Mais je suis venu exclusivement pour cela, je fais.

 

Elle se récupère vite la vieille!

 

- Je vais mettre une double dose, dit-elle… Je crois que vous en avez besoin.

 

Alors nous sirotons notre tisane avec du vrai miel dedans et devant un vrai feu dans la cheminée.

Elle ne parle pas. Moi non plus. Ainsi le silence n’est pas perturbé et je peux suivre les quarts d’heure par la pendule qui fait son appel, histoire qu’on n’oublie pas que le temps n’est pas l’ami de l’homme.

 

- Je ne voudrais pas être à votre place, mon garçon, dit-elle doucement au point que son souffle ne dérangea pas la flamme.

- Moi non plus, dis-je.

- Je le comprends très bien, susurre-t-elle du bout de ses lèvres minces.

 

La pendule reprit son temps et continua son jeu de sons. Elle ne savait pas faire autre chose!

 

Alors moi, vous me connaissez, toujours direct.

Alors je lui demande:

 

- Les galipettes avec le Roshi, c’était bien ?

 

Elle rejette sur sa robe la gorgée de tisane qui était sur le point de passer de sa bouche à sa gorge.

Elle ne dit rien. Elle pose la tasse sur la petite table à côté d’elle. Elle ne me regarde pas. Elle calme sa respiration.

Puis elle dit très calme:

 

- Ce temps me manque, mon petit… J’aimerais bien recommencer.

 

Un point pour elle!

 

- Le Roshi a bien choisi, je fais.

- Je ne vous comprends pas plus, mon garçon.

 

Je laisse le feu se débattre avec la pendule pour qu’ils décident qui est le Maître du Temps.

Puis je dis:

 

- Il a laissé sa Force en vous et je la sens bien, dis-je. Il devait vous aimer vraiment pour laisser une part de lui ainsi…

- Merci, fait-elle… On peut vous cacher quelque chose, mon garçon ?

- J’aimerais bien, dis-je.

- Je ne voudrais pas être à votre place, elle fait.

 

Nous sommes revenus à la case départ.

Vous voyez bien qu’il est inutile de bouger!

 

Puis c’est elle qui dit:

 

- Il est dans une petite propriété proche de Paris… Je vous aies mis l’adresse sur cette carte.

 

Je me lève de la chaise à bascule. On resterait bien chez cette vieille dame!

Elle connaît l’effet qu’elle a sur moi et elle sourit.

 

- Faites attention à vous, mon petit… Le jeu va maintenant devenir vraiment dangereux!

 

Comme si les vingt mecs dans la fosse à ordures, cela était juste un préliminaire.

 

Avant que je ne passe la porte, elle pose une question idiote:

 

- Et pour Kaki ?

 

Je hausse les épaules et la pluie avale ma silhouette qui ne pèse pas lourd dans l’Univers.

 

Je reprends la chignole et je drive vers la maison où m’attendent les moines pour les directives suivantes.

 

Lorsque je suis sur le périphérique, une douleur aigüe dans le ventre me crispe sur le volant et l’image de Yoko s’impose devant mes yeux.

« La conne! » je fais en réflexe.

 

Mes autres réflexes ne sont pas appréciés par les usagers du code de la route et en particulier du périph où je suis.

C’est vrai que reprendre la voie en sens inverse avec l’accélérateur au plancher, histoire de trouver une bretelle qui va me remettre sur Paris, ce n’est pas fait pour les préparer au sommeil voluptueux avec leur bergère car il est deux heures de mat.

 

Bref, tout cela pour vous dire que la Jag rugit ses canassons et que lorsque son museau pointu met la narine sur les rues de Paname, il y a en a qui respirent mieux sur le périph.

 

Mais comme vous le connaissez, l’Univers est une compensation permanente; aussi ce sont les petits soûlards qui reviennent du troquet qui restent interdits au milieu de la chaussée lorsque je leur passe entre les pattes.

Ils se souviennent directo de l’histoire de l’alcolo qui recevait une remontrance de son père. Vous l’ai-je racontée, celle-là ? Non ?... Alors je répare…

La Jag peut continuer seule son rugissement, et c’est mieux qu’elle soit seule et pas moi au volant, car elle ne sait pas lire et ne connaît pas le sens des panneaux de signalisation. Vous savez comment moi, je suis sérieux en toutes circonstances et à suivre les indics je vais arriver trop tard.

 

Ah! Donc, l’histoire de mon alcolo… Voilà:

 

Il y avait donc un mec qui buvait trop tous les soirs et son père lui en faisant remontrances. Le point d’appui majeur pour le père était de dire que son fils avait à traverser un pont pour rentrer à la maison et qu’il courait le danger de tomber dans le fleuve et d’être emporté.

Alors, en fils aimant et respectueux des craintes de son père, il but moins un soir, et fier de lui, rentra à la maison.

 

Mais il tomba dans le fleuve et c’est miracle qu’il ne soit pas perdu pour les hommes!... Heureusement qu’un quidam, à jeûn, qui ne pouvait pas trouver le sommeil avait décidé de faire une petite promenade sur la berge, histoire de calmer ses tensions.

 

Alors le père fit de nouveau le reproche à son fils: « Je te l’avais bien dit… Tu bois trop!... C’est miracle que tu sois encore en vie ».

 

Alors, à l’étonnement de tous, c’est le fils qui se mit en colère et se retourna contre son père: « Non, c’est ta faute à toi ! ».

 

Personne ne comprenait cette humeur du fils. Alors, comme il était dégrisé par la baignade dans l’eau glacée, il expliqua:

 

« Normalement, lorsque j’arrive devant la rivière je vois trois ponts… Et je prends toujours celui du milieu… Alors, ce soir, pour suivre tes conseils, je bois la moitié de l’habitude et je vois deux ponts. J’ai pris celui de droite et je suis tombé à l’eau… C’est ta faute avec tes fameux conseils! ».

 

Le père a peut-être un peu compris qu’avant de donner des conseils et de vouloir changer les gens, il faudrait examiner d’un peu plus près les détails de leurs sensations et visions…

 

D’ailleurs les mecs qui placardent tous ces panneaux devraient en prendre de la graine… Pour faire perdre leur temps, ils en connaissent un bout!...

Alors, moi vous me connaissez ?... Toujours direct et au plus court…

J’arrive donc rue Mouftard en un temps que je n’ai pas calculé mais je crois que je puis être satisfait de moi… Je saute de la charrette sans vérifier que tout soit bien arrêté, mais intelligente comme elle est, elle va bien trouver un endroit pour arrêter sa lancée et trouver une place où se poser sans emmerder les autres… Le code de la porte d’entrée saute au bout de mes doigts… Et moi, je saute au bout de mes guibolles à grimper les escaliers comme un écureuil qui se sert de la rampe comme plateforme de lancement… La clé de l’appart est dans ma main et la serrure fait tilt… Et dans ma lancée je déboule dans la chambre de méditation de la carrée.

« La conne! » je fais…

 

Car la Yoko, s’est bien préparée perfect pour le kaput rituel, vous savez le truc où vous vous ouvrez le bidon et vous attendez que tous vos intestins soient bien étalés devant vous, avant de demander à votre assistant de vous couper la tête avec son sabre.

Mais comme elle n’a pas d’assistant, elle a posé un flingue à côté d’elle.

Et elle est maintenant au stade d’enfoncer le couteau dans son bide dont la pointe est déjà sous le nombril.

 

Donc, moi, vous me connaissez ?... Rapide comme l’éclair et je plonge et chope les deux poignets qui poussent la lame.

 

La Yoko pousse un cri. Je ne sais pas de quoi ?... De douleur car du sang perle de sa peau ouverte, ou de la pince de mes doigts dont elle ne peut pas libérer ses mains.

 

Bref, le couteau va en valdingue au bout de la salle et je lui allonge une tarte entre les gencives, histoire de la ramener à plus de conscience et aussi de me libérer la vessie et le foie en même temps de la colère qui me tient les tripes.

 

Té!... Vous qui me suivez pas à pas… Que serait-il arrivé à la Yoko si j’avais suivi sagement les indications routières de ceux qui sont payés pour faire perdre leur temps au gens ?... De la première loi énergétique ils se nourrissent chaque jour… Alors avec un tel repas vous ne croyez tout de même pas qu’ils vont changer!.... Alors cessez de râler car vous les nourrissez encore plus… Et s’ils font un cancer des intestins, car pour le cœur c’est impossible vu leur cadence de travail, ne vous précipitez pas à leur secours… Le karma, vous connaissez ?... Ce truc de la cause et de l’effet… Alors chacun fait son résultat et ne vous faites pas de mouron pour eux. Ils auront la fin qu’ils ont fabriquée.

 

Donc pour vous dire que je suis en colère contre tout: le père, la mère, le fils et la fille… Je vous laisse le Saint Esprit car comme il n’existe pas, vous ne pouvez pas vous faire grand mal avec lui!...

Et je prends la Yoko en larmes dans mes bras, car après le choc, c’est toujours le chaos.

 

Elle grelotte la petite. Je lui fais couler un bain brûlant, ce qui n’est pas terrible pour son ouverture de bide qui coule du raisiné, mais c’est superficiel. Elle n’a eu le temps que couper la peau. Les muscles derrière sont intacts. Alors cela va mettre un peu de couleur dans le bain, mais il faut arrêter sa tremblote nerveuse qui peut gagner ses méninges.

 

Donc je lui place une superbe compresse sur le bide et la plonge dans la baignoire.

 

Elle se laisse faire. C’est toujours le même scénario après avoir été devant la mort. Devant on est un adulte, après on redevient un enfant.

 

Ensuite je m’occupe mieux de sa blessure. Une belle cicatrice en souvenir à vie… mais rien de méchant.

Je bigophone à madame Broussard de m’envoyer un toubib pour les points de suture.

 

Bref, tout baigne dans l’huile pour Yoko.

Et deux heures plus tard je la pieute avec moi à côté, histoire de bien vérifier son rythme cardiaque avec ma paluche empaumant son nichon.

 

Au petit matin, je prépare le petit Déj et elle arrive pâlotte et pas trop fière d’elle.

Je ne lui fais aucune remarque.

Je dis seulement : « J’ai besoin de toi ».

Elle m’écoute en silence avec son bol de thé brûlant entre les mains.

Le sourire revient timide au fil de mes mots.

Puis elle dit: « merci ».

 

Il est le temps d’aller préparer le terrain. J’ai demandé à la petite vieille, ancienne copine du vieux pas beau qui a la prétention de me servir de père un plan détaillé de la propriété où crèche le tonton de Sophie… En voilà un qui va bientôt avoir de la visite.

 

Il est aussi le temps de revenir vers Hiro et de le mettre au parfum.

 

- Donc c’est perdu, il fait.

 

Il n’est pas triste. Il ne connaît pas ce sentiment. C’est ainsi!... Tout simplement.

 

- Non, pas encore, je fais… Il y a encore quelques chances de faire disjoncter la nièce. Alors tu continues de la charger avec tes moines. Il va bien falloir qu’elle prenne une décision définitive qui engagera son karma.

 

Le crâne rasé remue en acquiescement et il va dire aux moines de se mettre en état de chargement.

 

Moi ?... J’attends…

Une info viendra de Broussard me disant le bon moment de l’attaque.

Si les moines font bien leur boulot aujourd’hui, toute la journée, la compression sera si forte sur Sophie qu’elle va avoir besoin de la décharger.

C’est la manière de la libérer que j’attends.

Alors, si le travail de Hiro est assez fort, ce sera peut-être pour ce soir… Ou demain.

 

 

Ce fut demain.

 

Alors je fais irruption à trois heures du mat dans la carrée du tonton, après avoir vaincu les systèmes de sécurité.

 

« Coucou! » je fais en mettant les pleins feux et comme j’aime l’air, dans la foulée je tire les rideaux et ouvre grand la fenêtre.

La plus étonnée, c’est la Sophie qui pieute à poil avec le tonton!

 

- Vous n’avez pas le droit d’être là!... hurle-t-elle… Ce n’est pas votre mission!

- Ma mission ?... Elle est large, tu sais cocotte!... Faire le clair sur cette affaire et donner le tout à votre Président qui s’est engagé devant la France, je fais, pompeux.

 

Celui qui est « out » c’est le tonton. Trop pour lui!

 

Mais la Sophie elle a du chien et de montrer ses poils pubiens ne la préoccupe pas. Elle ne tire pas la couverture sur ses seins pudiques.

C’est le tonton qui tente de récupérer un peu de la couvrante, histoire de masquer son sexe tire bouchon. Ça sent le foutre dans la carrée et l’air frais fait du bien à mes narines délicates.

 

- Dehors!... continue de hurler Sophie… C’est une intrusion illégale.

- Ce qui est illégal, c’est de mentir à tout le monde, je fais en prenant le fauteuil devant le lit et en mettant mes godasses pas bien propres sur la couvrante. C’est devenu une habitude chez eux: ils me poussent à nettoyer mes pompes sur leur matériel!

- Je n’ai pas menti… À personne, hurle-t-elle encore plus.

- Alors, qu’avez-vous fait ? je demande.

- Je me suis défendue, continua-t-elle dans son hurlement… DÉ-FEN-DUE! Vous entendez bien, Commissaire de mon con!

 

Tiens!... Elle perd son vocabulaire châtié de la petite bourgeoise bien sous tous les rapports.

 

Alors je pousse un peu plus.

 

- Et baiser avec votre oncle fait partie de la « défense » ? Je fais.

- Bien sûr!... Que croyez-vous qu’il se passe depuis des années ?… Je me suis défendue!

- Tiens, je fais… Depuis que vous avez compris que de vous laisser toucher le sexe sur ses genoux devant la cheminée n’était pas assez de jouissance… Et que si vous aussi vous preniez le sien en pogne, vous augmentiez la pression, je termine sur ma lancée.

- E-XAC-TE-MENT! dit-elle en continuant sur ses hurlements.

- Et en plus, vous avez découvert que violée peut devenir violée et demie et que vous pouviez contrôler les pulsions de votre tonton, alors que c’est lui qui croyait contrôler les vôtres.

- Quoi de mal à çà ?!… Il faut bien se défendre comme on peut! Fait-elle en terminant son ricanement.

- Alors vous êtes devenue la maîtresse du jeu.

- E-XAC-TE-MENT! ne vous en déplaise, Monsieur le Commissaire car vous ne pourrez jamais rien prouver… Pour tous, je suis la « victime ».

 

C’est le tonton qui ouvre les mirettes. Il ne s’occupe plus de son pénis à l’air lorsqu’il remonte le dos contre le montant du lit, histoire de se rapprocher de la verticale, position qui favorise la comprenette.

 

Sophie ne masque plus rien; elle jouit!

Elle repousse la couverture et les draps vers moi d’un mouvement rageur des jambes et écarte les cuisses.

Elle se touche et me regarde en face. Elle veut me montrer sa jouissance d’être nue, d’être découverte, d’avoir un théâtre à son action, d’avoir enfin une possibilité de dire, de montrer le secret de ses envies et élans…

 

Enfin, elle peut se montrer comme elle est… Et en jouir ouvertement!

 

- Vous ne pourrez jamais rien prouver, petit flic minable qui se croit un grand tueur de mensonge!

 

Je souris, modeste, et cela la déchaîne encore plus.

 

- Oui… Je sais vos questions… Alors je vous donne la réponse qui me fait jouir de plaisir au point que je coule toute seule entre mes cuisses… Oui!… C’est moi qui ai tout organisé, tout monté… du début jusqu’à la fin.

- Même Ahmed ? je fais.

- Bien sûr!... Via mon oncle… Être prise, être manipulée, être diminuée!... Quel pied alors que c’est moi la Patronne!

- La drogue ?

- C’est moi aussi, s’enorgueillît-elle… Petit Ahmed!... Il n’a pas compris que c’est moi qui montait ses circuits… Comme les femmes… Comme les hommes… Moi!... Toute seule!

- Et votre oncle ? je fais.

- Lui ?!... Il suivait. Il était le paravent devant moi… Moi, je restais bien cachée derrière, les yeux au Ciel et le cœur de petite midinette.

- Donc les circuits d’extrême droite, c’est vous aussi ?

- Bien sûr!... Et croyez bien que ceux-là ont compris vite le fond de mes élans: conquérir le monde par la biologie et le clonage… Et ce sont eux qui ont monté en sous-main les réseaux de Ahmed qui ne s’est même pas rendu compte qu’il recevait tout sur un plateau.

- Et votre oncle ? je répète.

- Il draguait dans les hautes sphères les appuis administratifs, dit-elle dédaigneuse, comme on parle d’un chien de chasse qui fait un travail moyen.

- Et la fin… les « fuites »?...

 

Elle rigola à s’en tordre les boyaux et elle se leva du lit et fit des pas de danse devant moi, les poils pubiens au ras de mon nez.

 

- Mais il n’y a pas de fin, ricana-t-elle… Monsieur le Commissaire… Comment trouvez-vous mon cul de femme libérée ?

- Il sent mauvais, dis-je en lui mettant une claque sur les fesses… Fais ta danse du cul pour d’autres, cocotte.

- Et ordurier avec ça! fait-elle… Et encore un qui ne sait pas apprécier une forte femme!... Mais mon cher, il n’y a pas de fin… Il y a seulement une modification de l’état actuel qu’il fallait changer… C’est vrai que vous m’avez mis un peu de bordel que je n’attendais pas … Mais maintenant tout est en train de revenir à sa juste place.

- Quoi ? je fais…

- Elle suce son doigt très gamine… Éh bien, il y a un Ahmed trop exigeant et remplaçable facile… Il y a des Russes à lâcher car maintenant d’autres labos sont montés… et il y a mon oncle qu’il est temps de mettre à la retraite.

- Alors vous avez tout monté ? je fais… les tableaux, le fric, la secrétaire maîtresse de tonton…

- Bien sûr… Il faut savoir être le Maître partout!... Et je suis le Maître.

- Et tonton ?

- Le pauvre! dit-elle en se retournant vers lui… Il est en fuite… et il va avoir un accident… Je crois qu’aujourd’hui ce sera sa dernière éjaculation…

 

Le tonton est « out ». Il découvre sa nièce qu’il croyait avoir formatée à sa main… Et c’est elle qui l’a formaté!

 

- Mais « on » a bien tenté de vous tuer ? je fais.

- Cela était une fausse manœuvre décidée par des Services Secrets qui avaient la tremblote des découvertes à ce sujet.

- Ils craignaient qu’on connaisse les accords entre eux et votre oncle car à ce moment tout le monde croyait que c’était vous la source des fuites.

- Mais mon cher, vous avez l’intelligence en-dessous de la moyenne, ricana-t-elle… C’est bien « Moi » l’origine des fuites… Mais ces messieurs n’avaient pas encore saisi que c’était aussi « Moi » le Maître du jeu… et pas mon oncle.

- Et maintenant tout est rentré dans l’ordre, je fais.

- Oui… « On » leur a fait comprendre leur erreur.

- Et le Président, demandais-je ?

 

Elle ricana.

 

- Celui-là, il n’aura rien compris du début à la fin!... Elle était contente d’elle.

- C’est-à-dire ?

- On lui a mis un bébé sur les genoux qu’il a découvert avec « tous les Français »… et on l’a sevré d’informations au point qu’il ne pouvait plus savoir « qui » était le bébé et « quoi » il était.

- Ses Services de Police et Secret ne lui ont pas ouvert leurs dossiers ?

- Mais non!... Ils voulaient qu’il se casse la gueule, rigola-t-elle.

- Pourquoi ?

- Ils ne veulent pas sa réélection.

 

Je me lève et je dis:

 

- Tout cela est fort bien.

- Tiens!... Quoi donc ? fait-elle avec une petite inquiétude dans la voix.

- Mais ma mission… informer le Président qui donnera le message au Peuple Français… et faire le nettoyage.

- Mais vous ne pouvez rien prouver, Monsieur le Commissaire Divisionnaire Spé…

- Je n’ai pas à prouver… J’ai à nettoyer, dis-je.

- Alors, cette fois-ci, elle est vraiment inquiète… Vous êtes tueur, n’est-ce-pas ?

 

En disant cela, elle se rapproche d’une commode dans laquelle je miserais qu’il y a un flingue en parfait état d’écraser les mouches.

 

- Je suis un tueur du mensonge, fais-je… Les hommes peuvent s’étouffer eux-mêmes avec leurs combines, je ne me dérange pas pour cela.

- Ah! fait-elle rassurée sur sa santé physique… Mais vous ne pouvez rien prouver.

- Je vous l’ai dit… Je n’ai pas à prouver, mais à montrer… Et chacun fera son jugement.

 

Elle fronce les sourcils et sa peau commence à présenter un grain de celle qui a froid.

Elle va vers la fenêtre pour la fermer. Elle carbure au kérosène.

 

- Trop tard, je fais.

- Trop tard « quoi » ?

- De fermer la fenêtre.

 

Elle blêmit.

 

- Les enregistrements clandestins seront non valides pour la Justice, hurla-t-elle… Et j’ai le bras long.

- Pas ceux-là, dis-je.

- Pourquoi ? de plus en plus livide.

- Parce tout est en direct sur Internet… On a du matériel sophistiqué maintenant… Caméras, enregistreur… et le tout « en ligne »… Éh oui, ma belle Sophie… Tout est en direct depuis le début et des millions de personnes sont en train d’admirer votre cul.

 

Elle a les réflexes rapides.

 

- Je dirai que ce sont des faux!... Que vous avez tout monté… Que… Vous n’avez pas de témoins!

 

Vous connaissez la fameuse chanson d’un singer franc un peu passé par l’Arménie… « Ils sont venus… Ils sont tous là… Elle va mourir la Mama… ».

 

Alors je lève le cul de mon fauteuil et ouvre grand la porte de la carrée… Ils sont tous là avec leurs crayons et leurs enregistreurs… Les flashs crépitent.

 

Moi, timide comme vous le savez, je fais ripette… D’ailleurs, c’est très simple, plus personne ne m’a vu, entendu… Un vrai courant d’air le mecton qui fait juste ses soixante kilos tout mouillé… C’est vrai qu’avec le peu de cervelle que j’ai, je ne peux pas faire le poids!

 

Je récupère Yoko à la Jag… Trois mectons font ripette dans une camionnette avec un foutu appareillage.

 

- Tout est dans la boîte, fait-elle contente.

 

Elle a repris des couleurs alors que le froid est terrible.

Voyez comme tout est une question du positionnement de son esprit!

 

Pendant le retour rue Mouftard elle me demande:

 

- Le premier jour tu disais qu’elle émettait la vibration de l’énergie de la vérité… Alors je ne comprends pas ce revirement.

- Exact je fais… Mais cette vibration ne s’est JAMAIS répétée… Alors j’ai su que cette vibration était clonée…

- Tu peux me dire d’avantage ?

- Cette Force de la séparation est capable de copier les vibrations des Forces de la Création… Mais elle n’est pas capable de tenir dans le temps… Juste une impulsion qui fait croire… Mais si on ne saute pas dessus comme une « évidence », elle ne se répète pas… C’est comme une voiture qui a assez d’essence pour sortir du garage, mais qui doit trouver rapidement une pompe ou elle va rester en rade sur le bord de la route.

- Oui… Je comprends maintenant… C’est par l’attention qu’on donne à la voiture qu’on lui fournit l’essence dont elle a besoin pour continuer sa route…

- Donc ne jamais sauter sur « l’évidence » et attendre… Si l’impulsion vient bien de la Création, la vibration se maintiendra.

- Merci, fait-elle… Pour tout.

 

Elle termina le trajet la tête appuyée sur mon épaule et je drive doucement.

Elle termina contre moi dans le plumard.

Sa cicatrice de dix centimètres lui faisait mal mais elle ne se plaint pas.

Le docteur dit que tout allait bien.

J’ai mis Gertrude et la moustache militaire auprès d’elle pour veiller.

 

Je suis déjà dans les crêtes des montagnes gelées à glisser sur la glace et partager mon souffle avec les effraies.

 

 

 

 

 

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